Calendrier musulman

Le calendrier musulman ou calendrier hégirien est un calendrier lunaire, basé sur une année de 12 mois lunaires de 29 à 30 jours chacun.



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Le calendrier musulman ou calendrier hégirien (hijri) est un calendrier lunaire, basé sur une année de 12 mois lunaires de 29 à 30 jours chacun (pour être précis : 29, 53059 jours solaires). Une année hégirienne est par conséquent plus courte qu'une année grégorienne d'environ onze jours.

L'année actuelle est 1431 de l'hégire, allant du soir du 17 décembre 2009 au soir du 6 décembre 2010 à peu près.

Histoire

Calendrier préislamique

Le prédécesseur du calendrier de l'hégire était, selon toute évidence, un calendrier luni-solaire qui comportait des mois lunaires et qui était synchronisé avec le cycle solaire par l'insertion d'un mois intercalaire. On suppose que ce mois, dans la péninsule arabique, était ajouté entre le dernier et le premier mois de l'année. Le nom arabe des mois, surtout celui des deux rabia[1] (rabia al Awal et rabia ath-Thani) devait correspondre au printemps, avant les deux mois secs de joumada (joumada al oula et joumada ath-thania) et le mois «brûlant» de ramadan[2].

Le Coran interdit expressément le mois intercalaire (voir ci-après), désynchronisant le calendrier des saisons agricoles, ce qui, à contrario, prouve qu'il était en usage dans le calendrier préislamique. Les 11 jours de décalage du calendrier musulman avec le calendrier grégorien basé sur le soleil rendent le calendrier musulman peu adapté à une utilisation en agriculture car cela provoquerait à long terme un décalage des saisons solaires et des saisons calendaires ce qui nuierait aux récoltes.

Interdiction des mois intercalaires

Dans la neuvième année de l'hégire, comme l'édicte la sourate 9, verset 37, Dieu a prohibé l'usage du mois intercalaire.

«Le report d'un mois sacré à un autre est un surcroît de mécréance. Par là, les mécréants sont égarés : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d'ajuster le nombre de mois qu'Allah a fait sacrés. Ainsi rendent-ils profane ce qu'Allah a fait sacré. Leurs méfaits leurs sont enjolivés. Et Allah ne guide pas les gens mécréants[3]

Et le verset d'avant (9 :36) indique en effet : «le nombre de mois, auprès d'Allah, est de douze mois, dans la prescription d'Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion droite. Durant ces mois, ne faites pas de tort à vous-mêmes.»[4]

Les quatre mois sacrés sont dhou al Qi`da, dhou al-Hijja et mouharram qui sont consécutifs et rajab.

L'imprécision concernant les mois intercalaires lors des neufs premières années de l'hégire fait que la datation exacte des événements de cette période dans le calendrier grégorien est sujette à une marge d'erreur d'un à trois mois (la bataille de Badr, la bataille de Uhud et la bataille du fossé).

Spécificités

L'an 1 de ce calendrier a débuté le premier jour de l'hégire, le 1er mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l'ère commune, selon les auteurs théologiens ; la première époque est dite «astronomique», la seconde «civile»). Ce calendrier a été adopté dix ans après cet événement. On indique qu'une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mention calendrier musulman, calendrier hégirien, ère musulmane, ère de l'hégire ou, en abrégé, H ou AH (du latin anno hegiræ).

L'année aujourd'hui en cours dans le calendrier musulman est 1431 de l'hégire.

Faire 2010 - 622 = 1388 pour trouver l'année de l'hégire actuelle est incorrect, et ne tient pas compte du fait que le calendrier musulman «avance» plus rapidement que le calendrier grégorien. Les années hégirienne et grégorienne seront concordantes en 20874.

Chaque mois démarre au moment où le premier croissant de Lune est visible : selon l'endroit d'où est effectuée cette observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt. Le mois de ramadan, par exemple, ne débute et ne termine pas le même jour pour l'ensemble des musulmans du monde. Ainsi, si le ciel est nuageux et ne permet pas l'observation visuelle du croissant de lune, le soir du 29è jour de chaabane, dans un pays musulman, alors ce jour est défini comme jour de doute "Yawm shakk". Le mois de chaabane sera déclaré comme ayant 30 jours, avant de déclarer le début du mois de ramadan. De même, l'année qui commence le premier jour du premier mois de mouharram, ne commence pas au même moment dans l'ensemble des pays musulmans.

L'usage du calendrier musulman n'est par conséquent pas fiable à l'échelle planétaire. Pour convenir de dates sans ambiguité, les musulmans du monde arabe se réfèrent aux calendriers chrétiens dont le calendrier grégorien, mais les musulmans du monde "persan" (Iran, Afghanistan, Tadjikistan) mais aussi les kurdes se réfèrent quant à eux au calendrier persan (dit calendrier chamsi) plus précis que le calendrier grégorien.

Variantes

Il existe une variation du calendrier musulman, connue sous le nom de calendrier musulman tabulaire ou calendrier fatimide, dans laquelle la longueur des mois est déterminée par des règles de calcul et non par observation ou calcul astronomique. L'année commune de ce calendrier comporte 354 ou 355 jours, répartis en 12 mois de 30 et 29 jours alternativement, dont seul le douzième (Dhou al-hijja) compte un nombre variable de jours (29 ou 30).
Sont dites communes les années où ce mois compte 29 jours, et où l'année compte 354 jours.
Sont dites abondantes les années où ce mois compte 30 jours, et où l'année compte 355 jours.

Les années communes ou abondantes s'intercalent selon un cycle de 30 années comptant 19 années communes et 11 années abondantes. Il existe quatre versions principales de ce cycle trentenaire. Selon la version, sont abondantes les années :

L'année moyenne au cours de ce cycle de 30 ans est par conséquent de : ( 19 × 354 + 11 × 355 )  / 30 = 354, 36667 qui ne change que de 0, 0004 jour (<35 s) de l’année lunaire vraie et permet ainsi de garder le calendrier synchronisé sur les lunaisons pour les 2500 prochaines années.

L'année musulmane ayant 10, 11 ou 12 jours de moins que l'année grégorienne (selon que celle-ci est bissextile ou non, et que l'année musulmane est abondante ou commune), le nouvel an musulman survient chaque année civile en avance de ce même nombre de jours comparé à l'année solaire, et chaque date du calendrier musulman (dont surtout les fêtes religieuses et le jeûne du mois de ramadan) «transite» par conséquent progressivement par l'ensemble des saisons.

Comprendre le calendrier musulman

Le calendrier lunaire, basé sur le calcul, peut être établi des années à l'avance. Mais, c'est l'observation à l'œil nu de la nouvelle lune qui signale le début du mois pour les musulmans, et non le calcul astronomique. Or, le premier croissant de lune peut être visible à Ryad et pas au Caire, d'où des différences de début de mois entre les pays.

À titre d'illustration, le 1er shawal 1426, jour de célébration de l'Aïd el-Fitr, correspondait au mercredi 2 novembre 2005 en Libye et au Nigéria ; au jeudi 3 novembre dans 30 pays dont l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte, l'Arabie saoudite et une partie des États-Unis ; au vendredi 4 novembre dans 13 pays dont le Maroc, l'Iran, le Bangladesh, l'Afrique du Sud, le Canada, une partie de l'Inde et une partie des États-Unis ; et au samedi 5 novembre dans une partie de l'Inde[5]. Cet état des choses n'est nullement exceptionnel, il se renouvelle chaque mois.

Pour ces raisons, la majorité des musulmans utilisent le calendrier grégorien pour gérer toutes leurs activités, et ne s'intéressent aux dates apportées par le calendrier islamique qu'en des occasions spéciales (Nouvel An musulman, fêtes religieuses... ).

L'astronome et le calendrier

Le mois lunaire commence au moment de la «conjonction» mensuelle, lorsque la Lune se trouve localisée sur une ligne droite entre la Terre et le Soleil. Le mois est défini comme la durée moyenne d'une rotation de la Lune autour de la Terre (29, 53 j à peu près). La lunaison fluctue au sein d'une plage dont les limites sont de 29.27 j au solstice d'été et de 29.84 j au solstice d'hiver, donnant, pour l'année de 12 mois, une durée moyenne de 354, 37 jours. L'astronome babylonien Kidinnu (IVe siècle av. J. -C. ), particulièrement réputé pour ses travaux astronomiques, a calculé la durée du mois synodique comme égale à 29j, 12h 44 mn 3, 3 s, tandis que la valeur admise actuellement est de 29j, 12h 44mn 2, 8 s, soit à peu près une demi seconde d'écart.

Les astronomes ont posé, depuis des millénaires, la convention que des mois de 30 j et de 29 j se succédaient en alternance, ce qui permettait de faire correspondre la durée de rotation de la Lune sur deux mois consécutifs à un nombre de jours entiers (59), laissant à peine un petit écart mensuel de 44 mn à peu près, qui se cumulait pour atteindre 24 h (soit l'équivalent d'un jour) en 2, 73 ans. Pour solder cet écart, il suffisait d'ajouter un jour au dernier mois de l'année, l'ensemble des trois ans à peu près, de la même manière qu'on ajoute un jour l'ensemble des quatre ans au calendrier grégorien. Les années dites «abondantes» du calendrier islamique, d'une durée de 355 j chacune, sont au nombre de 11 dans un cycle de 30 ans (années n° 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29), tandis que les années dites «communes», d'une durée de 354 j, sont au nombre de 19.

Dans l'Arabie préislamique, les bédouins utilisaient un calendrier lunaire basé sur une année de 12 mois. Mais ils avaient pris l'habitude, depuis l'an 412, de leur adjoindre un 13è mois mobile, (dont le concept avait été emprunté au calendrier israélite), dans l'objectif de faire correspondre le mois du hajj à la saison d'automne. Ces ajustements ayant fait l'objet de grands abus, le Coran les a réprimés en fixant à douze le nombre de mois d'une année et en interdisant l'intercalation du 13è mois[6]. Mais il ne apporte aucune autre indication d'ordre méthodologique concernant la confection du calendrier lunaire, et ne fait aucune référence au calcul astronomique.

Les bédouins étaient habitués à observer la position des étoiles, de nuit, pour se guider dans leurs déplacements à travers le désert, ainsi qu'à observer la naissance de la nouvelle lune pour connaître le début des mois. Lorsqu'il s interrogèrent Mahomet sur la procédure à suivre pour déterminer le début et la fin du mois de jeûne, il leur recommanda de commencer le jeûne du mois du ramadan avec l'observation de l'apparition de la nouvelle lune (au soir du 29e jour du mois) et d'arrêter le jeûne avec l'apparition de la nouvelle lune (du mois de shawwal). «Si le croissant n'est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu'à 30 jours[7]

La recommandation confortait dans ses habitudes ancestrales une communauté qui ne savait ni écrire ni compter et qui n'avait pas d'accès, de toutes façons, à d'autres méthodes de suivi des mois. À l'époque, les données astronomiques n'étaient pas couramment disponibles pour être utilisées par la population de manière pratique, en tous lieux, comme c'est le cas actuellement pour les agendas et calendriers, par exemple.

Or, le croissant lunaire ne devient le plus souvent visible que quelques 15 à 18 h après la conjonction, et sujet à l'existence de conditions favorables résultant de facteurs tels que le nombre d'heures écoulées depuis la conjonction ; les positions relatives du soleil, du croissant lunaire et de l'observateur ; l'altitude de la lune au coucher du soleil ; le lieu où on procède à l'observation ; l'angle constitué avec le soleil au moment du coucher ; les conditions d'observation (pollution, humidité, température de l'air, altitude)  ; la limite de détection de l'œil humain ; etc[8].

Selon les mois et les saisons, les conditions favorables d'observation de la nouvelle lune seront réunies en des sites différents du globe terrestre. Des astronomes musulmans de renom, des temps médiévaux, tels que Ibn Tariq   (en) (VIIIe siècle), Al-Khawarizmi (783-850), Al-Battani (855-923), Al-Bayrouni (973-1048), Tabari (XIe siècle), Ibn Yunus (XIe siècle), Nasir ad-Din at-Tusi (1201-1274), etc. ont contribué de manière importante, pendant plusieurs siècles, au développement des connaissances théoriques et appliquées dans le domaine de l'astronomie. Ils ont accordé un intérêt spécifique à l'étude des critères de visibilité de la nouvelle lune, dans l'objectif de développer des techniques de prédiction fiables du début d'un nouveau mois.

Article détaillé : Astronomie arabe.

Le ‘alem et le calendrier

Le Coran n'interdit pas l'usage du calcul astronomique. Mais, le consensus des oulémas s'est forgé solidement, pendant 14 siècles, autour du rejet du calcul, à part quelques juristes isolés, dans les premiers siècles de l'ère islamique, qui prônèrent l'utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires[9]. Sur le plan institutionnel, seule la dynastie (chi'ite) des Fatimides, en Égypte, a utilisé un calendrier basé sur le calcul, entre les Xe siècle et XIIe siècle, avant qu'il ne tombe dans l'oubli suite à un changement de régime.

L'argument majeur utilisé pour justifier cette situation se fonde sur le postulat des ulémas, selon lequel il ne faut pas aller à l'encontre d'une prescription de Mahomet[10]. Ils estiment qu'il est illicite de recourir au calcul pour déterminer le début des mois lunaires, du moment que Mahomet a recommandé la procédure d'observation visuelle[11].

De nombreux ulémas soulignent, qui plus est , que le calendrier basé sur le calcul décompte les jours du nouveau mois à partir de la conjonction, laquelle précède d'un jour ou deux l'observation visuelle de la nouvelle lune. S'il était utilisé, le calendrier basé sur le calcul ferait commencer et s'achever le mois de ramadan, et célébrer l'ensemble des fêtes et occasions religieuses, en avance d'un jour ou deux comparé aux dates qui découlent de l'application du hadith de Mahomet, ce qui ne serait pas acceptable du point de vue de la charia[12].

Mais, depuis le début du XXe siècle, de plus en plus de penseurs islamiques, ainsi qu'une poignée d'ulémas de renom, remettent en cause de tels arguments.

A leur avis, Mahomet a simplement recommandé aux fidèles une procédure d'observation de la nouvelle lune, pour déterminer le début d'un mois nouveau. Les bédouins se basant sur la position des étoiles pour se guider dans leurs déplacements à travers le désert et pour connaître le début des mois, Mahomet n'avait fait que les conforter dans leurs habitudes ancestrales.

L'observation du croissant n'était qu'un simple moyen, et non pas une fin en soi, un acte d'adoration (‘ibada). Le hadith relatif à l'observation n'établissait par conséquent pas une règle immuable, pas plus qu'il n'interdisait l'utilisation du calendrier astronomique.

D'après certains juristes, le hadith ne parle même pas d'une observation visuelle de la nouvelle lune, mais simplement de l'acquisition de l'information, selon des sources crédibles, que le mois a débuté[13]. Cela ouvre naturellement de toutes autres perspectives dans la discussion de cette question.

Des études, de plus en plus nombreuses, réalisées par des astronomes musulmans au cours des dernières années, démontrent d'autre part que les débuts de mois décrétés dans les pays islamiques sur une période de plusieurs décennies étaient fréquemment erronés, pour les raisons les plus diverses[14]. Il est clair, de ce point de vue, que quand le mois basé sur l'observation de la nouvelle lune commence en des jours différents dans des pays islamiques différents, un seul début de mois basé sur ce critère peut être reconnu comme fondé sur le plan astronomique, l'ensemble des autres étant erronés.

L'opinion juridique du cadi Shakir

Le cadi Ahmad Muhammad Shakir est un juriste éminent de la première moitié du XXe siècle, qui occupa en fin de carrière les fonctions de président de la Cour suprême de la charia d'Égypte (tout comme son père avait occupé la même fonction au Soudan), et qui reste, aujourd'hui toujours, un auteur de référence en matière de science du hadith[15].

Il a publié, en 1939, une étude importante et originale axée sur le côté juridique de la problématique du calendrier islamique, sous le titre : «Le début des mois arabes … la charia permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique ?».

D'après lui, Mahomet a tenu compte du fait que la communauté musulmane de son époque était «illettrée, ne sachant ni écrire ni compter», avant d'enjoindre à ses membres de se baser sur l'observation de la nouvelle lune pour accomplir leurs obligations religieuses du jeûne et du hajj.

Mais, la communauté musulmane a évolué de manière énorme au cours des siècles suivants. Certains de ses membres sont même devenus des experts et des innovateurs en matière d'astronomie. En vertu du principe de droit musulman selon lequel «une règle ne s'applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d'exister», la recommandation de Mahomet ne s'applique plus aux musulmans, une fois qu'ils ont appris «à écrire ainsi qu'à compter» et ont cessé d'être «illettrés».

Les oulémas d'aujourd'hui commettent par conséquent une erreur d'interprétation quand ils donnent au hadith de Mahomet sur cette question la même interprétation qu'au temps de la Révélation, comme si ce hadith énonçait des prescriptions immuables, tandis que ses dispositions ne sont plus applicables à la communauté musulmane depuis des siècles, en vertu des règles mêmes de la charia.

Ahmad Muhammad Shakir rappelle le principe de droit musulman selon lequel «ce qui est relatif ne peut réfuter l'absolu, et ne saurait lui être préféré, selon le consensus des savants.». Or, la vision de la nouvelle lune par des témoins oculaires est relative, pouvant être entachée d'erreurs, tandis que la connaissance du début du mois lunaire basée sur le calcul astronomique est absolue, relevant du domaine du certain.

Il rappelle aussi que de nombreux juristes musulmans de grande renommée ont pris en compte les données du calcul astronomique dans leurs décisions, citant à titre d'exemples Cheikh Al-Mraghi, président de la Cour suprême de la charia d'Égypte ; Taqiddine Assoubaki et Takiddine bin Daqiq al-Eid.

Shakir souligne, en conclusion, que rien ne s'oppose, au niveau de la charia, à l'utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires et ce, en toutes circonstances, et non à titre d'exception uniquement, comme l'avaient recommandé certains ulémas.

Il observe, d'autre part, qu'il ne peut exister qu'un seul mois lunaire pour l'ensemble des pays de la Terre, basé sur le calcul, ce qui exclut la possibilité que le début des mois change d'un pays à l'autre[16]. L'utilisation du calendrier basé sur le calcul rendra envisageable la célébration le même jour, dans l'ensemble des communautés musulmanes de la planète, d'événements à caractère hautement symbolique sur le plan religieux, tels que le 1er muharram, le 1er ramadan, l'aïd al fitr, l'aïd al adha ou le jour de Arafat, lors du hajj. Cela renforcera énormément le sentiment d'unité de la communauté musulmane à travers le monde.

Cette analyse juridique du cadi Shakir n'a jamais été réfutée par les experts en droit musulman, près de 70 ans après sa publication. Le professeur Youssef al-Qaradâwî s'est récemment rallié formellement à la thèse du cadi Shakir. Dans une importante étude publiée en 2004, intitulée : «Calcul astronomique et détermination du début des mois»[17], al-Qaradawi prône pour la première fois, vigoureusement et ouvertement, l'utilisation du calcul pour l'établissement du calendrier islamique, une question sur laquelle il avait maintenu une réserve prudente jusque-là. Il cite à cet effet avec approbation de larges extraits de l'étude de Shakir.

La décision du Conseil du Fiqh d'Amérique du Nord (CFAN)

De son côté, le Conseil du Fiqh d'Amérique du Nord   (en) (CFAN   (en) ), qui s'est senti depuis des années interpelé par cette question, a annoncé au mois d'août 2006 sa décision mûrement réfléchie d'adopter désormais un calendrier islamique basé sur le calcul, en prenant en considération la visibilité du croissant où que ce soit sur Terre.

Utilisant comme point de référence conventionnel, pour l'établissement du calendrier islamique, la ligne de datation internationale (International date line (IDL) ), ou Greenwich Mean Time (GMT), il déclare que désormais, en ce qui le concerne, le nouveau mois lunaire islamique en Amérique du Nord commencera au coucher du soleil du jour où la conjonction se produit avant 12 : 00 GMT. Si elle se produit après 12 : 00 GMT, alors le mois commencera au coucher du soleil du jour suivant[18].

La décision du CFAN est d'un grand intérêt, parce qu'elle conjugue avec une grande subtilité les exigences théologiques des ulémas avec les données de l'astronomie. Le CFAN retient le principe de l'unicité des matali'e (horizons) [19], qui affirme qu'il suffit que la nouvelle lune soit observée où que ce soit sur Terre, pour déterminer le début du nouveau mois pour l'ensemble des pays de la planète. Après avoir minutieusement étudié les cartes de visibilité du croissant lunaire en différentes régions du globe, il débouche sur la conclusion suivante :

Si la conjonction se produit avant 12 : 00 GMT, cela donne un temps suffisant pour qu'il soit envisageable d'observer la nouvelle lune en de nombreux points de la Terre où le coucher du soleil intervient longtemps avant le coucher du soleil en Amérique du Nord. Dans la mesure où les critères de visibilité de la nouvelle lune seront réunis en ces lieux, on pourra considérer qu'elle y sera observée (ou qu'elle aurait pu l'être si les conditions de visibilité avaient été bonnes), et ce bien avant le coucher du soleil en Amérique du Nord.

Donc, sur ces bases, les stipulations d'observation de la nouvelle lune seront respectées, comme le prescrit l'interprétation respectant les traditions de la charia, et le nouveau mois lunaire islamique débutera en Amérique du Nord au coucher du soleil du même jour. Si la conjonction se produit après 12 : 00 GMT, alors le mois commencera en Amérique du Nord au coucher du soleil du jour suivant.

Vers un calendrier islamique universel aux paramètres du calendrier saoudien d'Umm al Qura ?

La proposition du Conseil du Fiqh d'Amérique du Nord (CFAN) suscita l'intérêt des autorités politiques et religieuses dans de nombreux pays à majorité musulmane. Des astronomes de diverses nationalités se réunirent au Maroc, en novembre 2006, pour étudier plus en détail la possibilité de l'adopter comme base d'un calendrier islamique universel.

Cependant, le CFAN   (en) modifia sa position en 2007, et décida de s'aligner sur une décision du Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche (CEFR), utilisant les paramètres du calendrier saoudien d'Umm al-Qura   (en) [20] pour déterminer le début des mois musulmans (en utilisant comme paramètres que la «conjonction» se produise «avant le coucher du soleil aux coordonnées de la Mecque», et "que le coucher de la lune ait lieu après celui du soleil" aux mêmes coordonnées. ) Selon le CFAN, le choix des paramètres d'Umm al Qura a pour objectif de faciliter le développement d'un consensus, dans les pays musulmans, au sujet de l'utilisation de ce calendrier basé sur le calcul, et dont les données ne changent que de manière marginale de celles obtenues par l'application de la méthodologie du CFAN d'août 2006.

Les décisions du CFAN et du CEFR ont déjà eu les retombées importantes suivantes :

- Le principe d'utilisation du calendrier basé sur le calcul est officiellement parrainé par des leaders religieux connus et respectés de la communauté musulmane[21], [22], [23];

- Il est adopté officiellement par des organisations islamiques dont nul ne conteste la légitimité[24];

- Les communautés musulmanes d'Europe et d'Amérique sont disposées à l'utiliser pour la détermination du début de l'ensemble des mois, y compris ceux associés à des occasions à caractère religieux[25].

Notes et références

  1. Rabia : en arabe : rabīʿa, ????, «printemps»
  2. Ramadan, en arabe : ramaḍān, ?????, du verbe ramaḍa, ???, «être brûlant»
  3. Pour la traduction : source.
  4. Idem.
  5. Moonsighting. com 1427 Zul Hijja
  6. Coran, At-Tawba 9 : 36 et 37
  7. Al-Bukhârî, Recueil de hadiths (3/119)
  8. Karim Meziane et Nidhal Guessoum : La visibilité du croissant lunaire et le ramadan, La Recherche n° 316, janvier 1999, pp. 66-71
  9. Abderrahman al-Haj : «Le faqih, le politicien et la détermination des mois lunaires» (en arabe)
  10. Muhammad Mutawalla al-Shaârawi : Fiqh al-halal wal haram (édité par Ahmad Azzaâbi), Dar al-Qalam, Beyrouth, 2000, p. 88
  11. Allal el Fassi : «Aljawab assahih wannass-hi al-khaliss ‘an nazilati fas wama yata'allaqo bimabda-i acchouhouri al-islamiyati al-arabiyah», rapport préparé à la demande du roi Hassan II du Maroc, Rabat 1965 (36 p. ), sans indication d'éditeur
  12. Allal el Fassi, opus cit.
  13. Al-Ghazali, Ihya'e ouloum addine, cité dans Abi alfayd Ahmad al-Ghomari, Tawjih alandhar litaw-hidi almouslimin fi assawmi wal iftar, 160 p, 1960, Dar al bayareq, Beyrouth, 2è éd. 1999, p. 30
  14. Nidhal Guessoum, Mohamed el Atabi et Karim Meziane : Ithbat acchouhour alhilaliya wa mouchkilate attawqiti alislami, 152 p., Dar attali'a, Beyrouth, 2è éd., 1997
  15. Un auteur de référence en matière de science du hadith
  16. Abi alfayd Ahmad al-Ghomari, op. cit.
  17. Yusuf al-Qaradawi : «Calcul astronomique et détermination du début des mois» (en arabe)
  18. Décision du Conseil du Fiqh d'Amérique du Nord
  19. Abi alfayd Ahmad al-Ghomari, op. cit.
  20. Van Gent : The Umm-al-Qura calendar of Saudi Arabia
  21. Ahmad Shakir : «Le début des mois arabes … la charia permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique ?» (publié en arabe en 1939) reproduit par le quotidien «Al-Madina», 13 octobre 2006 (n° 15878)
  22. Yusuf al-Qaradawi : «Calculs astronomiques et détermination du début des mois» (en arabe)
  23. Zulfikar Ali Shah The astronomical calculations : a fiqhi discussion
  24. Islamic Center of Boston, Wayland : Moonsighting Decision documents
  25. Une partie importante de cet article est basée sur trois articles de Khalid Chraibi intitulés «1er muharram : calendrier lunaire ou islamique ?», «La problématique du calendrier islamique» et «Le calendrier musulman en 10 questions» publiés par www. oumma. com. L'auteur en a autorisé la reproduction libre, dans leur intégralité ou en partie, dans toute utilisation non-commerciale, à l'unique condition que l'auteur et la source en soient clairement identifiés

Voir aussi

Liens externes

Mois du calendrier musulman
MouharramSafarRabia al awalRabia ath-thaniJoumada al oulaJoumada ath-thaniaRajabChaabaneRamadanChawwalDhou al qi`daDhou al-hijja

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