Coran

Le Coran est le livre sacré de l'islam. Sa tradition le présente comme le premier ouvrage rédigé en langue arabe claire, affirmation à la base de la notion d'«inimitabilité» du Coran.



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Définitions :

  • Livre religieux sacré musulman, renfermant l'enseignement Islamique. Vient du mot arabe alcoran. (source : galaxidion)
  • Livre sacré des musulmans, composé de sourates divisées en versets. Selon l'islam, il contient la révélation de Dieu transmise à Mahomet... (source : le.boudarat.over-blog)
Le Coran

Le Coran (arabe : ?????? ; al Qur'ān, «lecture») est le livre sacré de l'islam. Sa tradition le présente comme le premier ouvrage rédigé en langue arabe claire[1], affirmation à la base de la notion d'«inimitabilité» du Coran[2].

Le Coran regroupe les paroles de Dieu qui auraient été révélées au prophète et messager de l'islam Mahomet (????, Muḥammad) par l'archange Gabriel. Cette révélation couvre sur une période de vingt-trois ans. Le Coran est quelquefois nommé simplement al-kitâb (le livre) ou adh-dhikr (le rappel). Il forme une des deux parts de la révélation à Mahomet, l'autre part étant constituée des hadiths prophétiques. Les musulmans le considèrent comme une manifestation d'un attribut divin, le kalam, qui représente la capacité de Allah (le nom de Dieu en arabe) à transmettre à ses prophètes certaines informations relatives au bien et au mal, à la vie ainsi qu'à la mort, au paradis ainsi qu'à l'enfer, ainsi qu'aux lois fixant les limites entre le licite et l'illicite. En ce sens, il est , pour les musulmans, l'expression incréée de cet attribut d'Allah adressée à l'intention de toute l'humanité, c'est-à-dire détenteur d'une vocation universelle, contrairement aux révélations précédentes qui étaient destinées en tout premier lieu à un peuple surtout.

Le Coran est divisé en chapitres nommés sourates, au nombre de 114 et débutant par la première nommée Al Fatiha (quelquefois traduite par «la liminaire» ou «le prologue» ou encore «l'ouverture»). Ces sourates sont elles-mêmes composées de versets appelés âyât (pluriel de l'arabe âyah, «preuve», «signe», et qu'on retrouve dans le mot ayatollah). Les versets sont au nombre canonique de 6 219[3]. Il existe des variantes (6 211 ou 6 218) dans les éditions européennes, consécutives à l'édition numérotée du Coran par Gustave Flügel de 1834.

Ordre des textes

Page d'un coran d'Andalousie

La tradition rapporte que, du temps de Mahomet, les ayats étaient écrits sur plusieurs supports de fortune, tels que des feuilles de palmier, des os plats (omoplates de chameau), des peaux ou des pierres, et étaient appris par cœur par les croyants, en entier ou en partie. La mort de plusieurs de ces «mémoires vivantes» a amené par prudence à la compilation en sourates des révélations reçues par Mahomet.

Suite à sa mort, des divergences seraient apparues au sein de la communauté sur l'ordre chronologique des sourates. Selon l'ordre choisi, l'interprétation de certains passages pouvait fluctuer et pour trancher, une large partie des autorités opta pour un ordre théoriquement neutre : l'ordre décroissant de longueur. Une exception fut faite pour la première sourate, fort courte, qui sert d'introduction.

Les partisans de ce classement y voient l'affirmation de l'unité profonde du Coran dont aucune partie ne peut être envisagée indépendamment du tout. Il a aussi ses détracteurs, moins nombreux, qui dénoncent une altération grave à la chronologie de la révélation voulue par Dieu lui-même.

Diverses tentatives plus ou moins concordantes ont été faites pour reconstituer l'ordre chronologique, y compris par des orientalistes européens, tels que Blachère. Cet agencement ferait apparaître des correspondances éclairantes avec les événements de la vie de Mahomet tels qu'ils sont rapportés par la sunna. Des interprétations nouvelles de certains passages peu clairs ont ainsi pu être avancées.

Amin Ahsan Islahi montre que les sourates fonctionnent par paires. Tout le Coran serait selon lui organisé en sept grands groupes. [4] Michel Cuypers vérifie par un autre procédé que les sourates fonctionnent par paire dans certaines parties du Coran qu'il a étudié, et que ces paires fonctionnent fréquemment par groupe de 2, 3 ou 4 paires. [5] Pour Michel Cuypers le Coran n'est pas un recueil désordonné comme on l'a fréquemment dit, et la classification de la plus longue à la plus petite sourate n'est pas une explication suffisante (en vue des nombreuses exceptions), mais le Coran est agencé selon des règles bien précises, recensées récemment sous le nom de rhétorique sémitique.

Séparation chronologique

On sépare habituellement le Coran en deux parties qui se démarquent par des différences de style et de thèmes abordés :

Sourates mecquoises

Feuillet du Coran bleu provenant à l'origine de la bibliothèque de la Grande mosquée de Kairouan [6]

Les sourates de la première période, mecquoises, affirment essentiellement l'idée de monothéisme et définissent ce qu'est Dieu pour le musulman. On y trouve entre autres, l'idée de la résurrection des morts au jour du jugement dernier, l'unicité de Dieu, etc.

Les orientalistes allemands G. Weill et Nöldeke ont établi trois divisions dans les sourates révélées à La Mecque :

Sourates médinoises

Les sourates médinoises sont plus «prescriptives». Elles posent les bases principales d'une société nouvelle, dans laquelle le respect est dû à Mahomet ainsi qu'à sa famille, où les louanges vont à ceux qui meurent dans la voie de Dieu, et où on fustige les hypocrites. Près de 500 versets regroupent les réglementations religieuses, civiles et pénales et serviront de base au droit musulman. D'autres sourates médinoises définissent aussi les devoirs et les croyances du musulman.

Divisions en vue d'une récitation

Article détaillé : Sourate.


Manzil Juz' Début   Manzil Juz' Début   Manzil Juz' Début   Manzil Juz' Début
sourate verset sourate verset sourate verset sourate verset
1 1 I 1   3 11 (fin) X 1   5 19 (fin) XXVII 26   7 26 (fin) L 1
2 II 142 12 XI 6 20 XXVII 60 27 LI 31
3 II 253 13 XII 53 21 XXIX 45 28 LVIII 1
4 III 93 14 XV 2 22 XXXIII 31 29 LXVII 1
5 IV 24   4 15 XVII 1   6 22 (fin) XXXV 1 30 LXXVIII 2
6 IV 148 16 XVIII 75 23 XXXVI 22  
2 6 (fin) V 1 17 XXI 1 24 XXXIX 32
7 V 83 18 XXIII 1 25 XLI 47
8 VI 111 19 XXV 21 26 XLVI 2
9 VII 88    
10 VIII 41
11 IX 94

Première sourate du Coran, appelée habituellement la Fatiha (ouverture).

Selon la tradition musulmane, le Coran a été révélé à Mahomet par l'intermédiaire de l'archange Gabriel (arabe : ????? [jibrīl]). Pour les musulmans, le Coran est un ouvrage saint qui n'a pas subi d'altération après sa révélation, car Dieu a promis que ce livre durerait jusqu'à la fin des temps. En réalité, la conservation et la transmission du texte tel qu'on le connaît actuellement ont fait l'objet de l'attention des premiers califes et des autres compagnons du prophète de l'islam.

La révélation

Selon la tradition musulmane, la révélation aurait commencé dans la grotte de Hira où Mahomet avait pour coutume de se retirer, probablement dans un but de méditation. L'ange Jibrïl serait apparu, et lui aurait communiqué les premiers versets du Coran : «Lis ! (ou récite !) Au nom de ton Seigneur» (sourate 96, verset 1). Le mot rendu par lire est iqra'. Dérivé du mot qara'a qui veut dire le fait de rassembler ce qui est dispersé ou épars... Le mot Coran (Qur'an en arabe) est aussi un dérivé de ce même mot arabe. Fréquemment, en arabe on rend le mot iqra'par la lecture comme par la récitation... La réponse de Mahomet aurait été par trois fois «Je ne sais pas lire», car Mahomet était illettré, comme la quasi-totalité des Arabes et comme la majorité des hommes de son temps.

Il semble qu'au tout début de la révélation, le Coran ait été en premier lieu mémorisé. La tradition parle même de certains compagnons de Mahomet venant l'interroger sur la manière de réciter tel ou tel chapitre[7]. Par la suite, Mahomet aurait dicté les sourates, après chaque révélation, à plusieurs scribes qui les auraient transcrits sur des supports divers (morceaux de cuirs, tessons de poterie, nervures de palmes, omoplates.. ), fragments qui se seraient alors dispersés auprès de différents compagnons (rapporté par Al-Bukhari).

D'après Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî[8], Mahomet dictait à ses scribes non seulement le texte révélé mais également la sourate où il fallait l'insérer. La classification des versets les uns comparé aux autres ne se faisait pas selon l'ordre chronologique de leur révélation, mais suivant un ordre psalmodique, qui aurait suivi les indications de Mahomet qui lui même les a reçu par Dieu, via l'archange Gabriel.

Dès lors, et durant 23 ans[9], la révélation aurait continué, au fil des années et des événements, en une diversité de lieux. Le dernier verset révélé serait «????? ????? ??? ????» - «Aujourd'hui j'ai parachevé votre religion». Ce verset est révélé lors du sermon d'adieu de Mahomet en 632. Ce dernier a vécu 82 jours après ce dernier verset... La tradition rapporte que, la dernière année de sa vie, il aurait révisé deux fois le Coran dans son intégralité avec l'archange Gabriel au cours du mois de ramadan.

Si selon la tradition, Mahomet avait indiqué, au sein de la totalité du texte coranique déjà révélé, la place où devait être insérée chaque nouvelle révélation, s'il avait encouragé ses compagnons à mémoriser le texte coranique (la plupart le connaissaient totalement[10]) et s'il avait veillé à ce que chaque fragment révélé soit aussi couché sur un support matériel, il n'aurait néenmoins pas fait préparer une copie rassemblant tout le texte coranique. Selon la tradition, cela s'expliquerait par le fait que la révélation se serait poursuivie jusqu'à la fin de la vie de Mahomet et que jusqu'au dernier moment de nouveaux versets auraient pu être révélés. Ceux-ci auraient par conséquent du être insérés au milieu du texte coranique déjdésormais. Il faut noter cependant que le dernier verset dans l'ordre chronologique annonce la fin de la révélation (5 :3)  : la religion de l'islam est alors déclarée «parachevée».

Compilation du texte coranique sous Abû Bakr, le premier calife

Une première compilation du texte coranique se fait dans les deux ans qui suivent la mort de Mahomet, sous le premier calife Abû Bakr (632 - 634). Ce dernier, conseillé par `Umar qu'effraie la mort (pour cause de batailles) de nombreux compagnons connaissant par cœur l'intégralité du texte, charge Zayd ibn Thâbit (qui avait été scribe de Mahomet) de rassembler les divers supports écrits et de préparer une copie du texte coranique intégral. Afin d'éviter toute erreur, ces supports n'étaient acceptés que s'ils étaient écrits en présence de Mahomet, et que chaque support soit contrôlé par deux témoins de confiance ayant entendu Mahomet réciter le passage en question.

Le texte est alors rédigé sur des feuillets (sahifa). Une fois complétés et vérifiés par les compagnons de Mahomet, ces feuillets sont confiés à la garde d'Abû Bakr. Après la mort de ce dernier, le deuxième calife, Umar (634 - 644) les reçoit. Après sa mort, ils sont confiés à sa fille Hafsa, veuve du Prophète. (Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, n° 4 701. Voir aussi Fath ul-bârî tome 9 pp.  19 - 20, et Al-Itqân, pp.  184 - 185).

D'autres compilations ont été faites, surtout le corpus d'ibn Mas'ûd qui perdura trois siècles. [11] Elles différaient en certains points du texte, mais aussi sur le nombre et l'ordre des sourates.

Certaines formes de récitations marginales ont été transmises selon la procédure de la transmission du hadith, qui sont cités chez les exégètes anciens, tels qu'ibn Kathir, Qurtubî, et les autres... Cependant le sens n'est jamais éloigné au point de transfigurer le sens des versets. L'ensemble des écrits anciens retrouvés à ce jour correspondent au Coran sous la forme que nous lui connaissons actuellement partout dans le monde, comme le souligne Hamidullah qui a fait des recherches énormes sur les manuscrits musulmans anciens ; ainsi il écrivait :

«À travers la guerre, l'incendie, l'inondation et d'autres malheurs les copies ou les fragments de la première époque sont venus jusqu'à nous. A Tachkent tout comme à Istanbul, il y a des copies du Coran attribuées au calife Othmân : à Istanbul, une feuille attribuée au calife Omar ; à la bibliothèque nationale de Paris, des fragments que les experts modernes datent du IIe et IIIe siècles de l'hégire. Il y a des copies particulièrement anciennes au Caire, à San'a, en Iran, en Afghanistan, etc. On les a comparées, et il est émouvant de constater que du Maroc à la Malaisie, de Tachkent à Ceylan, des millions d'exemplaires manuscrits ou imprimés existent qui n'offrent d'autres variantes que les fautes de copistes. [12]»

Universalisation des copies sous `Uthmân, troisième calife

Le rôle d'Uthmân

Selon la tradition musulmane, un compagnon Hudhayfah ibn Al-Yaman remarqua, sous le califat de `Uthman, troisième calife (644-656), que les peuples des régions, aujourd'hui, de Syrie et d'Irak se disputaient sur les différentes prononciations de certains mots du Coran, alors que les nouveaux musulmans des provinces en dehors d'Arabie ne savaient pas bien prononcer les mots du Coran. Le calife `Uthman percevant les risques de division, décide alors d'officialiser un type unique de prononciation de l'arabe du texte coranique et d'établir une classification unique des sourates les unes comparé aux autres.

Ainsi il demande à Hafsa de lui faire parvenir son manuscrit du Coran. Il fait préparer alors plusieurs copies (mus'haf) en utilisant la prononciation du prophète. Cette tâche fut confiée à Zaid ibn Thabit, Abdullah ibn Az-Zubair, Sa‘id ibn As-‘As, et Abdur Rahman ibn Harith ibn Hisham.

Une fois la tâche achevée en 647, `Uthman renvoie le manuscrit original à Hafsa et fait parvenir les copies aux divers points importants du territoire musulman. Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, n° 4 702.

Les copies du Coran écrites aujourd'hui suivraient toujours mot pour mot et lettre pour lettre cette prononciation. L'écriture (la police) utilisée est une écriture appelée «ar-rasm al-uthmanî». Quelques-unes de ces copies anciennes existeraient toujours actuellement, l'une se trouverait à Istanbul (Turquie), l'autre à Tachkent (Ouzbékistan).

Après avoir envoyé ces copies dans chaque région, `Uthman ordonna la destruction de l'ensemble des copies précédentes, dont les manuscrits incomplets mais aussi ceux contenant des annotations personnelles. Parmi ces copies, il y avait celle d'Ali, gendre de Mahomet, celle d'Ubai b. Ka'b mais aussi celle d'Ibn Mas`ud qui furent toutes détruites.

Les soixante pages les plus anciennes d'un exemplaire du Coran

Un manuscrit comportant une soixantaine de feuillets figure à la bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand. Il s'agit des feuillets parmi les plus vieux du Coran connus au monde : leur datation par les chercheurs le font remonter aux années 50 à 100 de l'Hégire (étude paléographique et postulat selon une analyse de l'orthographe). Aucune mesure au carbone 14 n'a été effectuée. Ces feuillets dateraient par conséquent selon Uthman ben Affan, décédé en 656, soit 34 ans après l'hégire selon une étude paléographique récente[13].

Notice de la BnF concernant cet écrit :

«Milieu du VIIe siècle Encre sur parchemin, 29, 1 x 24, 5 cm, BnF, Manuscrits orientaux, arabe 328, f. 10 à 14.
Copiées sur parchemin dans un format vertical, ces pages de Coran appartiennent à un ensemble d'une soixantaine de feuillets reconnu comme le plus ancien exemplaire aujourd'hui conservé. En l'absence de manuscrits datés avant le IXe siècle, c'est sur la base de critères paléographiques et orthographiques qu'on fait remonter ces fragments à la seconde moitié du Ier siècle de l'hégire (VIIe siècle). Ils sont écrits dans un style appelé au XXème siècle hijâzî en référence à Ibn al-Nadîm, célèbre auteur arabe du Xe siècle, qui décrivait dans son Fihrist (Catalogue) les premières écritures disparues et qui auraient été employées, selon lui, trois siècles avant lui, à La Mecque et Médine, villes du Hedjaz. »

— Les plus anciens feuillets coraniques conservés sur BnF..

Une étude comparative a été faite avec le Coran disponible partout aujourd'hui et le texte des feuillets disponibles à la BnF n'a pas de différence avec ce dernier, outre l'absence presque totale de points et traits diacritiques[14], qui ont été systématisés au temps du Calife Ali ibn abu Talib, qui commenda à Abu al-Aswad al-Du'ali   (en) d'écrire un ouvrage sur la grammaire. Ce dernier inventa les voyelles, toujours inexistantes dans l'écriture arabe au par avant. Ces voyelles constistant en des traits diacritiques furent appliquées dans les manusrits du Coran de façon systématisée plus tardivement[15]. Les points diacritiques servant à différencier certaines consonnes existaient lorsque à eux, mais étaient utilisés exceptionnellement jusqu'alors, pour des mots prêtant à des ambiguités fortes, comme en témoigent les papyrus PERF No. 558 (22H/642), le papyrus bilingue P. Mich. 6714 (daté à 22-54H/642-674).

L'ajout des signes diacritiques

Selon l'historienne Silvia Næf qui enseigne l`histoire de la civilisation arabo-musulmane à l'Université de Genève, les premiers corans furent rédigés dans une écriture arabe sommaire : les voyelles brèves et les signes diacritiques (des points conçus pour empêcher la confusion entre des mots ayant le même orthographe), ne furent ajoutés au texte qu'au VIIIe siècle, fixant ainsi le sens définitif du texte[16]. Cette question des signes diacritiques était toujours discutée par les théologiens musulmans vers l'an 1000, certains considérant cet ajout comme un sacrilège, d'autres craignant que les fidèles ne se trompent sur le sens s'ils n'étaient pas ajoutés[17].

Le Coran, un texte sacré

Selon la religion musulmane, le Coran, parole de Dieu, est , par dogme, incréé, éternel et inimitable. Il est au cœur de la pratique religieuse de chaque croyant.

Le Coran est incréé

Selon le Coran, l'ange Gabriel (Jibraïl) aurait eu pour mission de faire descendre le contenu du Coran céleste et de le transmettre à Mahomet.

«Ceci est , au contraire, un Coran glorieux écrit sur une table gardée !»

— Le Coran (LXXXV ; 21-22)

«Le Coran est la parole de Dieu révélée à Son prophète et transcrite sur les pages du Livre.»

— Ibn Khaldoun, Le livre des exemples. Muqaddima VI, X

C'est la tradition sunnite exprimée par Ibn Khaldoun. Elle laisse entendre qu'il y a un original dont le Coran matériel est la transcription partielle, le livre mère, Oum El Kittab, évoquée dans le Coran.

Du point de vue ésotérique, le Coran matériel ne serait que la représentation physique, une sorte de réplique, d'un Coran supérieur, occulté aux yeux du profane, un Coran enregistré sur une Table gardée (??????? ????????? [al-lawḥ al-maḥfūẓ], «la tablette préservée») (Le Coran, «Les Signes célestes, LXXXV, 21-22» ( (ar) ‎??????‏) ), un ouvrage caché (?????? ????????? [kitāb mmaknūn], «livre caché») (Le Coran, «L'Évènement, LVI, 78» ( (ar) ‎???????‏) ) et que le Coran décrit comme «la Mère du Livre» («mère» doit être pris dans le sens «qui contient», tournure fréquemment rencontré en arabe) (???? ????????‏ [umm al-kitāb], «mère du livre») (Le Coran, «La Famille d'Imran, III, 7» ( (ar) ‎?? ?????‏) ).

«Ha, Mim.

Par le Livre clair !
Oui, nous en avons fait un Coran arabe !
– Peut-être comprendrez-vous –

Il existe auprès de nous, sublime et sage, dans la Mère du Livre.»

— Le Coran, «Ornements d'or, XLIII, 1-4» ( (ar) ‎??????‏).

Une querelle théologique a éclaté au IXe siècle entre le mouvement motazilite qui était un ardent défenseur de l'unicité divine et qui par conséquent prêchait le dogme de la création du Coran (Coran créé) pour éviter que ne soit associé quoi que ce soit à Allah aussi connu sous le nom de Ahl al'aql (les gens de la raison) et le mouvement des ahl al naql (les gens de la transmission), qui prêchaient que le Coran est la parole de Dieu (Coran incréé). Le premier courant fut instrumentalisé sous le califat d'Al-Ma'mun contre le second ce qui conduisit surtout à l'emprisonnement de Ahmed ben Hanbal et le second mouvement prit sa revanche sous le califat de son successeur Jafar al-Mutawakkil qui persécuta les partisans du premier mouvement. Ils disparurent peu de temps après.

Le dogme de l'inimitabilité du Coran

Dans la religion musulmane, le Coran est vu comme parfait (car œuvre divine), et par conséquent totalement inimitable. C'est le dogme de l'inimitabilité du Coran.

Déjà du vivant de Mahomet, Musaylima déclarait recevoir des révélations et rédigeait surtout une "sourate" imitant maladroitement la sourate "L'éléphant". Il récitait : "Ou l'éléphant. Quel éléphant. Qui te dira quel est l'éléphant ? Il a une longue trompe. "Ibn Kathîr cite cela dans son exégèse du Coran. La sourate l'éléphant approximativement rendu en français est la suivante :

«1. N'es-tu pas témoin de ce que Ton Seigneur a fait des gens avec l'éléphant ?

2. N'a-t-il pas déjoué leur stratagème ?
3. Et envoyé vers eux les oiseaux appelés Abâbîl.
4. Qui leurs lançaient des pierres en argile.

5. Et il en a fait comme un champ ravagé.»

— Le Coran, «L'Éléphant, CV, 1-5» ( (ar) ‎?????‏).

Il semble que cette idée ait été développée à partir du IIe siècle de l'histoire de l'islam[18]. Ce dogme concerne tout autant le contenu que la forme. Et c'est le Coran lui-même qui l'énonce dans plusieurs versets, parmi lesquels le suivant :

«dis : "Si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de comparable à ce Coran, ils ne produiraient rien qui lui ressemble, même s'ils s'aidaient mutuellement.»

— Le Coran, «Le Voyage nocturne, XVII, 878» ( (ar) ‎???????‏).

En d'autres versets (par exemple, II :23, X :38, XI :13), le défi est aussi lancé, en plusieurs fois, aux plus éloquents des Arabes de forger quelque chose d'identique au Coran. Pourtant, vers 786, sous le règne du Calife abbasside al-Hâdî, quelques lettrés auraient tenté de relever ce défi. Au bout d'un an, ils n'auraient pas pu produire l'équivalent d'une sourate. C'est ce que prédisait les versets suivants :

«Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que nous avons révélé à notre serviteur, apportez-nous une sourate comparable à ceci ; appelez vos témoins autres que Dieu, si vous êtes véridiques.
Si vous ne le faites pas — et vous ne le ferez pas — Craignez le feu.»

— Le Coran, «La Vache, II, 23-24» ( (ar) ‎??????‏). Le Coran est œuvre idéale selon deux versets :

«Rien n'y a été oublié»

— Le Coran, «Le Bétail, VI, 38» ( (ar) ‎???????‏) et Le Coran, «L'Abeille, XVI, 91» ( (ar) ‎?????‏).

Le caractère inimitable du Livre va permettre de fixer la langue arabe, et de développer toute une science du discours et de la rhétorique, en particulier avec un certain al-jorjani vers le XIe siècle (cf. dala'il al-i'jaz ou les preuves de l'inimitabilité)  ; mais il va aussi contribuer à retarder la traduction du Coran dans d'autres langues.

Selon l'historien Maxime Rodinson, ce dogme de la perfection du style coranique a été mis en cause, y compris dans l'Islam : «il n'a pas manqué d'esprits libres en Islam pour mettre en doute cette incomparabilité du texte coranique.»[19]. Cette perfection serait culturellement ressentie par les musulmans, comme pour tout «texte dont on a été bercé depuis l'enfance». «La beauté du style coranique a été contestée par ceux qui, pour une raison ou une autre, échappaient à l'envoûtement collectif». Grand spécialiste des civilisations sémitiques et fin connaisseur de l'arabe, Theodor Nöldeke a rédigé un gros article sur les défauts stylistiques du Coran[20]. Mais, pour l'autre grand arabisant français Jacques Berque, tout ce que Theodor Nöldeke imputait à un vice rhétorique n'est , à la lumière d'une analyse critique bien menée, que singularités grammaticales ou spécificités stylistiques propres au discours coranique. [21]

Le Coran dans la pratique religieuse

Cité et récité dans de nombreux événements et circonstances de la vie (prières quotidiennes, Ramadan, fêtes familiales... ), le Coran occupe une place importante dans la vie de tout croyant. Dans les mosquées, il n'est pas récité mais psalmodié. En effet, citant le Coran, l'imam pense citer une parole venue de Dieu : il n'est alors plus acteur utilisant sa voix mais instrument de la parole divine. Tel qu'interprété par les oulémas, ou «docteurs de la foi», ce texte est aussi à l'origine du droit musulman. L'exégèse du Coran et les conflits d'interprétations entre les divers courants de l'Islam sont ainsi à la base des plusieurs types de compréhension envisageables de notions telles que la charia (loi de l'islam) ou encore le djihad (on distingue ainsi le «djihad majeur», effort de conversion tourné contre soi-même, du «djihad mineur», effort de conversion tourné contre les autres).

Le Coran et les Infidèles

Mahomet proscrit en son temps toute idolâtrie de La Mecque[22]. Cela est le résultat d'un état de fait avéré : à Mahomet l'apôtre, le politique et le législateur a succédé, par la force des choses, le guerrier[22].

Le jihâd (littéralement «effort») de l'âme, effort du croyant pour lutter contre les vices du caractère, se double désormais d'un jihâd du corps, le combat pour Allah, véritable combat pour la supériorité de l'Islam[22].

En effet, le jihâd (lutte contre les infidèles : les non-musulmans, et surtout les peuples polythéistes) s'appuie sur des versets du Coran.

Cependant, selon M. Hamidullah (dans Le prophète d'Islam, sa vie, son œuvre), l'ensemble des batailles livrées par Mahomet auraient étaient défensives. Les raisons de chaque bataille livrée sont toujours explicitées dans l'ensemble des ouvrages biographiques traitant de Mahomet (ibn Ishaaq, ibn Hisham, etc. ). Cette approche défensive du jihâd a aussi été revendiquée par ses premiers successeurs directs Abu Baqr et Umar. Le professeur Hamidullah précise que comme pour les Juifs et les chrétiens, les zoroastriens et les hindouistes bénéficièrent d'un statut spécifique leur servant à pratiquer leurs cultes religieux. L'interprétation des versets du Coran touchant le Jihâd est sujette pour cette raison à controverse.

Traductions et impressions du Coran

première page du Alcoranus Arabice longtemps introuvable, Venise, 1537

Problèmes posés par la traduction du Coran

Coran en script Mohaqqaq traduit en Persan, XIIIe siècle, Musée national d'Iran.

Le Coran a initialement été écrit en arabe, langue utilisée dans la péninsule Arabique au temps de Mahomet. Pour tout autant, des mots d'origine non arabe y figurent, de même qu'une arabisation de certains termes, désignant surtout des produits d'importation inconnus du monde arabe.

Le dogme du caractère inimitable du Coran, transcription écrite de la parole divine, aurait longtemps servi à s'opposer aux traductions. Ainsi, certains courants conservateurs de l'islam prétendent que le Coran ne peut exister qu'en arabe et qu'il ne peut pas et ne devrait pas être traduit. Cette affirmation a fréquemment été ressentie comme une volonté d'arabisation, plus que d'islamisation, dans les populations non arabophones. Quoi qu'il en soit, la traduction et la traductibilité du Coran demeurent des enjeux à la fois linguistiques et politiques (arabisation, etc. ). L'islam accorde ainsi une importance décisive à la langue (en l'occurrence, l'arabe), comme on le voit par exemple dans la tradition soufie (bien qu'elle soit critiquée par certains courants sunnites, surtout par les salafistes).

Bien que la traduction du Coran pose problème, comme toute traduction, et soit même rejetée par certains courants conservateurs, «littéralistes», le Coran a particulièrement tôt été traduit, au moins partiellement. Ainsi, la première sourate, la Fatiha est traduite du vivant de Mahomet par Salman le Persan afin d'être récitée lors de la prière par les Perses, en accord avec un hadith qui affirme qu'une prière est invalide sans la récitation de cette sourate (à laquelle est ajouté Amin Amen en fin de récitation). Une traduction complète en persan est établie en 956, alors que Ja`far ibn Abî Talib, frère d'`Alî, a traduit quelques versets parlant de Jésus et de Marie en langue guèze (éthiopien classique), quand il était ambassadeur au nom de Mahomet auprès du souverain chrétien d'Éthiopie, le Négus. Enfin, l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable le fait traduire en latin en 1141, lors d'un séjour à Tolède. Célèbre polémiste, Pierre le Vénérable rédigea ensuite des traités réfutant les doctrines israélites et musulmanes. Avec l'aide des travaux de Robertus Retenensis, cette traduction se termine en 1143 mais n'est publiée qu'en 1543, quand l'intérêt pour l'islam se développe par l'avancée des Turcs en Europe. Le délai avant publication s'explique par l'inexistence de l'imprimerie (dont les caractères mobiles ont été découverts par Gutenberg en 1450), mais également par le peu d'intérêt des clercs (lettrés), leurs travaux se cantonnant soit à l'apologie élogieuse soit aux ouvrages polémiques[23].

Outre ces premières traductions, on recense des traductions complètes ou non dans plus d'une centaine de langues, dont, par exemple, et pour citer les moins évidentes : le breton, l'esperanto, le volapuk...

Emprunts coraniques à des langues non-arabes

Une lecture anthropologique est indispensable pour une meilleure compréhension du Coran, qui contient énormément d'emprunts de termes non arabes, surtout de la langue syro-araméenne. Al-Zarkashî citant Ibn ‘Abbâs :

«L'opinion d'Ibn ‘Abbâs, de ‘Ikrima et d'autres toujours est qu'on trouve dans le Coran du non-arabe. Entrent dans cette catégorie : al-tûr, “la montagne” en syriaque ; tafaqâ, “se diriger vers” en romain ; qist et qistâs, “la justice” en romain ; innâ hudnâ ilayka (Coran, VII : 156), “nous nous repentons” en hébreu ; sijill, “livre” en persan ; raqîm, “planche” en romain ; muhl, “résidu de l'huile” dans la langue du Maghreb ; sundus, “rideau transparent” en hindou ; istabraq, “gros” en persan, sans le q ; sarî, “petite rivière” en grec, etc.»

Le dinar et le dirham, deux mots de racine grecque se trouvent aussi dans le Coran. Sont aussi empruntés au lexique grec, la «sema» (signe ou marque d'où «sémantique»), ou «zukhruf, » le titre d'une sourate (de «zoghrophiô», «je peins», «je décore», «j'enjolive»). [24]

Cette lecture de déconstruction qui substitue une lecture anthropologique a tendance à être de plus en plus oubliée.

Latin

Espéranto

Italien

Allemand

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Français

Il existe plus de 170 traductions du Coran en français.

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Hébreu

Impressions

La bataille de Talas en 751 aurait permis aux Arabes de découvrir des inventions chinoises, tels que le papier et la soie. Pourtant, les autorités régnant en terre d'islam ont attendu trois siècles avant d'introduire l'imprimerie, y voyant probablement un danger pour leur domination. Ainsi, les Ottomans promulguent un édit contre l'imprimerie en 1757. Pour tout autant, même après l'introduction de l'imprimerie en pays musulmans, l'impression du Coran aurait longtemps été reconnue comme impie. Ainsi, la première version imprimée du Coran date de 1787.

Voir aussi

Liens externes

littérature d'inspiration religieuse

littérature d'inspiration scientifique

Bibliographie

Notes et références

  1. ou langue arabe «pure» (lisân `arabî mubîn)  ; sourates 16, 103 et 26, 195
  2. cependant l'écriture arabe se serait développé dès le début du VIIe siècle dans le nord de l'Arabie et des textes à caractère religieux circulaient déjà en Syrie puis au Hedjaz ; cf. Geneviève Gobillot, Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, 2007, «Arabe, langue et peuple», p.  70, 71
  3. Le Coran (Relié) (ISBN 978-2843082870) «un ouvrage datant du VIIe siècle, et qui contient pas moins de 114 chapitres et 6 219 versets» (tiré de la présentation de l'éditeur
  4. Amin Ahsan Islahi, Tadabbur-i Qur'an, Lahore : Faran Foundation, 1986
  5. Michel Cuypers, La composition rhétorique des sourates 81 à 84 Annales islamologiques 37, 2003
  6. (fr) Deux feuillets du Coran bleu (musée sans frontières)
  7. Histoire de la formation du Coran, Ralph Stehly, professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg [1]
  8. Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, La maîtrise des sciences du Coran / Al-Itqân fî `Ulûm Al-Qur'ân, chapitre 18. Conférer la version électronique disponible sur al-eman. com
  9. Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, La maîtrise des sciences du Coran / Al-Itqân fî `Ulûm Al-Qur'ân, chapitre 16, mais également chapitres 2 à 8. Conférer la version électronique disponible sur al-eman. com
  10. Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, La maîtrise des sciences du Coran / Al-Itqân fî `Ulûm Al-Qur'ân, chapitre 20. Conférer la version électronique disponible sur al-eman. com
  11. Histoire de la formation du Coran, Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg [2]
  12. Le Saint Coran, Pr. Muhammed Hamidullah. Maison d'édition d'Ennour, 12e édition. (1986)
  13. Paris, BNF arabe 328 a par Dutton (2001, p. 74-84)
  14. Le Saint Coran, Muhammed Hamidullah. Maison d'édition d'Ennour, 12e édition. (1986)
  15. B. Dodge (Editor and Translator), The Fihrist Of Al-Nadim : The Tenth Century Survey of Muslim Culture, 1970, Volume I, Columbia University Press : New York & London, pp. 87-88.
  16. Interview de Silvia Næf par Sarah Sholl, L'écriture du Coran a été un long cheminement, article paru dans Le Courrier, 10 août 2002 : [3]
  17. Introduction à l'étude coranique par le Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Islam (CERSI) [4]
  18. Le dilemme de l'approche littéraire du Coran, Nasr Hâmid Abû Zayd., [5]
  19. Maxime Rodinson, Mahomet, Essais Seuil, 1994, p. 119
  20. Theodor Nöldeke, "Remarques critiques sur le style et la syntaxe du Coran", extrait de Beitrage zur semitischen Sprachwissenschaft, trad. par G. H. Bousquet, Paris, 1953.
  21. Jacques Berque, Le Coran : Essai de Traduction, Albin Michel, 1995, pp. 739-741
  22. Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger (ISBN 2253131113)
  23. Truthnet. org
  24. voir la totalité des recherche de Youssef Seddik sur le lexique du Coran
  25. Malachi York, «According to... ». Consulté le 18 janvier 2007

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