Sohrawardi
Shahab al-Din Yahya as-Sohrawardi est un philosophe mystique, fondateur de l'illuminisme, né en 1155 à Sohraward en Iran, mort le 29 juillet 1191 à Alep en Syrie.
Catégories :
Islam - Philosophe du XIIe siècle - Philosophe perse - Philosophie islamique - Philosophe musulman - Culture musulmane - Personnalité chiite - Naissance en 1155 - Décès en 1191
Recherche sur Google Images :
Source image : teheran.ir Cette image est un résultat de recherche de Google Image. Elle est peut-être réduite par rapport à l'originale et/ou protégée par des droits d'auteur. |
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- Par sa philosophie de l'illumination (ishraq), Sohrawardi a renouvelé la mystique... Sohrawardi est né en 649 de l'hégire (1155 de l'ère chrétienne) à .... gnose les pèlerins de l'Orient des lumières. À ce grand livre vient par conséquent... (source : manicheism.free)
- Le projet de Sohrawardî est de «ressusciter» la sagesse des anciens Perses, ..... Sohrawardî observe que les philosophes péripatéticiens, lorsqu'il s'agit... Sohrawardî identifie les Idées platoniciennes, les archétypes de Lumière... (source : lampe-tempete)
- De plus, la philosophie de Sohrawardî est une philosophie de la lumière... Sohrawardî considère la lumière comme un principe métaphysique dont les anciens... (source : books.google)
Shahab al-Din Yahya as-Sohrawardi (en persan : ???? ????? ???? ???????) est un philosophe mystique, fondateur de l'illuminisme, né en 1155 à Sohraward en Iran, mort le 29 juillet 1191 à Alep en Syrie. Son nom veut dire l'habitant de Sohravard ou celui qui est de Sohravard. Son nom complet est : Shihab al-Dîn Yahyâ ibn Habbash ibn Amîrak abû'l Futuh.
Sa vie
Il est né en 549 de l'hégire (1155 de l'ère chrétienne), dans une petite ville de Médie, Sohravard, au nord-ouest de la Perse. Particulièrement jeune, il part étudier à Maragha auprès du cheikh Madj al-Dîn Djilî qui eut aussi pour élève le philosophe Al-Razi. Sohrawardî étudie ensuite à Ispahan auprès de'Umar ibn Shalan al-Sawâdj, dans un cercle de philosophes "hellénisants" proches de la pensée d'Avicenne. Après une crise religieuse génèrée par une vision d'extase où Aristote lui apparaît il se rapproche des soufis en cherchant à pratiquer tout autant l'expérience mystique (tâ'âlloh) que la connaissance pshilosophique (bath). Il adopte alors un mode de vie itinérant, fréquente les khanqas («couvents» soufis), assiste souvent à leurs séances de danse et de musique (sama'i), qu'il recommande et apprécie lui-même pour parvenir à l'extase.
Son biographe Shahrazurî mentionne qu'à la fin de sa vie, il ne rompait plus le jeûne qu'une fois par semaine. Sharahzurî insiste aussi sur son indifférence aux vêtements, aux honneurs, aux apparences, ce qui peut-être le rapproche de certains courants malamati.
Sohrahwardi semble avoir affectionné spécifiquement le pays du Diyar Bakr, en Haute Mésopotamie où il séjourna longtemps. Il était autant vu des princes turkmènes artoukides, en particulier'Imad al-Dîn Qara Arslan, souverain de Kharpout, à qui il dédia son Livre des Tablettes. Son influence politique auprès de plusieurs princes seldjoukides et du fils de Salâh al-Dîn, Al-Malik al-Zahîr Ghazî, prince d'Alep fut sans doute pour énormément dans sa condamnation par les milieux alépins et la décision de son exécution par Saladin.
Son œuvre
L'originalité de la sagesse de l'Ishraq fondée par Sohrawardi est d'unifier et de synthétiser l'héritage zoroastrien, la philosophie platonicienne et la révélation islamique. L'"Orient" défini par sa "Sagesse orientale" est en fait un orient "intérieur", le symbole de la Lumière qui est aussi Connaissance, opposé à "l'exil occidental" qui est éloignement et oubli de cette connaissance dans les ténèbres de la matière.
Bien qu'issue de la philosophie péripatéticienne développée par Ibn Sina (Avicenne), la philosophie illuminative de Sohrawardi critique plusieurs des positions prises par Ibn Sina, et se sépare radicalement de lui en créant un langage symbolique essentiellement dérivé de l'ancienne culture perse avec lequel il bâtit sa sagesse illuminative (hikma al ishraq).
L'élément essentiel de la philosophie de Sohrawardî est la Lumière, pure et immatérielle, au-dessus de toute autre manifestation, qui se dévoile par illuminations, de lumières en lumières graduellement déclinantes dans leur intensité ; par une interaction complexe, ces lumières provoquent à leur tour des rayons lumineux horizontaux, identiques dans leur concept aux Formes platoniques qui régissent les espèces du monde terrestre.
Selon la cosmologie sohrawardienne, toute créature provient d'émanations de lumières successives et graduées, toutes issues de la Lumière originelle et suprême, la Lumière des lumières (Nûr al-Anwar).
Sohrawardi a aussi énoncé la théorie d'un monde intermédiaire et indépendant, ou monde imaginal (alam-e-mithal). Ses idées ont exercé une grande influence, surtout sur Molla Sadra Shirazi qui reprit sa conception de l'intensité et de la gradation de l'Être, avec laquelle il combina les vues péripatéticiennes et illuminatives de l'existence.
Sohrawardi est quelquefois nommé par ses disciples par le titre honorifique de Sheikh al-Ishraq ou "Maître de l'Illumination". On l'appelle aussi le "Maître de la théosophie orientale".
Son enseignement a exercé une très forte influence sur la pensée iranienne, et on dit quelquefois que sa Sagesse orientale est à la philosophie ce que le soufisme est à la théologie scolastique et canonique.
La majorité des logiciens et philosophes musulmans considèrent que l'idée de la "obligation décisive" est l'une des innovations principales de Sohrawardi dans l'histoire de la spéculation.
En plus de la mystique et de la philosophie, Sohrawardi a rédigé sur la logique, la physique, l'épistémologie. C'était aussi un excellent mathématicien et selon Shahrazurî, "il connaissait des problèmes d'algèbre que personne ne savait résoudre. " A la fois savant, philosophe et mystique, Sohrawardi voulait unifier la connaissance "intuitive" ou kashf avec la connaissance "déductive ou bahthiyya. Il critiquait aussi la méthodologie scientifique d'Aristote, qui posait les lois scientifiques comme nécessaires et universelles.
Sohrawardi est l'auteur de plus de cinquante ouvrages, dont énormément restent inédits en particulier les textes traitant de logique et de physique. Ils sont répartis en trois Sommes :
- Le Livre des élucidations inspirées de la table et du trône,
- Le Livre des carrefours et entretiens,
- Le Livre des résistances :
- L'histoire en retiendra quelques parties plus remarquables : Le Vade-Mecum des fidèles d'amour, Le Récit de l'Archange empourpré, Le Récit de l'exil occidental, Le Livre de la sagesse orientale. Dans ce dernier, sans doute son chef-d'œuvre, il critique Avicenne sur un point décisif : les facultés de l'âme humaine ne sont pas simplement superposées les unes aux autres. Toutes dérivent et se fondent dans l'imagination créatrice, pouvoir unifiant, simple, premier, créateur, universel.
- Dans Le Bruissement de l'aile de Gabriel, l'Esprit Saint, assimilé à l'archange Gabriel, parvient à réunir dans la contemplation, l'âme avec l'Intellect. Ce texte s'est vu consacré par l'ensemble des chercheurs comme l'un des plus beaux «récits mystiques» de la Littérature. Il offre aussi une explication de l'intériorisation de l'univers des Lumières, clé de toute l'œuvre, sésame si complexe à saisir pour le non-initié...
Chacun de ces trois grands traités dogmatiques contient une physique, une logique et une métaphysique. Cette structure platonicienne (à laquelle, il faut rajouter la mystique elle-même) l'éloigne toujours plus de l'orthodoxie islamique.
Sa mort
Bien plus proche du chiisme que du sunnisme, sa doctrine semble plonger ses racines dans des courants fort anciens, tels que le Platonicisme, la Gnose ou le Zoroastrisme pour se mêler à des pratiques plus modernes : Soufisme, Ismælisme et Théosophie. Rapidement, cette philosophie rencontra un certain succès et Sohrawardi réussit à réunir quelques disciples autour de lui. Quels que soient ces liens, modernes ou anciens, force est d'admettre, que cette école assez éloignée de l'Islam orthodoxe ne pouvait qu'irriter les Ulémas. Gardiens de la Foi musulmane, ils en réfèreront à Saladin.
Sohrawardî qui a toujours refusé le qualificatif d'hérétique, fut néenmoins exécuté comme tel, sur l'ordre exprès du Sultan Salâh al-Dîn dans la Citadelle d'Alep en Syrie, le 5 Rajab 587 h. (29 juillet 1191) à l'âge de trente-six ans, car ce petit groupe d'Illuminés était jugé dangereux.
De cette exécution, en fait véritable assassinat, Sohrawardi gardera le triste nom de : Shaykh maqtul, c'est-à-dire «le Shaykh (le Maître) exécuté». Mais, pour ses disciples, elle l'élevait au rang de martyr, pour eux qui le nommaient déjà «le Platon perse» ou «le maître de la sagesse orientale» ou encore «l'Orient philosophique», il sera désormais : le Shaykh al-ishraq, c'est-à-dire : «le Shaykh de l'illumination»...
Son influence
Molla Sadra Shirazi parle de Sohrawardi comme du «chef de l'école des Orientaux». Cette école, qualifiée aussi de «Platoniciens de Perse» s'appelle Ishraqiyun. Selon Henry Corbin, la principale caractéristique de cette école «sera d'interpréter les archétypes platoniciens en termes d'angélologie zoroastrienne».
Le plus ancien disciple connu de Sohrawardi est Shamsoddin Shararuzi. Il a composé, hormis une histoire des philosophes, un commentaire de la Théosophie orientale et une encyclopédie intitulée Traité de l'arbre divin et des secrets théophaniques.
Après Shamsoddin, les principaux philosophes ishraqi s'appellent Ibn Kammuna (mort en 1284), Qotboddin Shirazi ( (1237-1311) et Jalaloddin Dawwani (1426-1502).
À La charnière du XVe/XVIe siècle, l'œuvre de Sohrawardi est beaucoup commentée, de l'Iran jusqu'à l'Inde. Au XVIIe siècle, Mir Damad, le maître de l'école d'Ispahan prend comme nom de plume Ishraq. Son élève, le célèbre molla Sadra, commente la Théosophie. À la même époque, la réforme religieuse d'Akbar est imprégnée des doctrines Ishraqi. Des zoroastriens de Shiraz émigrent même en Inde sous la direction d'Azar Kayvan. Depuis, on peut dire que cette œuvre a été absorbée par la pensée chiite grâce à Sadra Shirazi dont les disciples, jusqu'à Hadi Sabzavari, sont à divers degrés des ishraqi.
Bibliographie
Œuvres
- Sohrawardi (Shihabaddin Yahya). Œuvre philosophiques et mystiques (Opera metaphysica et mystica II). Institut Français de Recherche en Iran et Institut d'Étude Iranienne de l'Université de Paris III, Paris et Téhéran. (Henry Corbin dédia la plus grande partie de sa vie à l'étude de Sohrawardi et en traduisit de nombreux textes en français).
- Vol. I. 1 :'La théosophie de l'Orient des lumières' (arabe). - 2 :'Le symbole de foi des philosophes' (arabe). - 3 :'Le récit de l'exil occidental' (arabe et persan). Prolégomènes en français et édition critique par H. Corbin, 1952, 103-350 pages.
- Vol. II. Édition avec une introduction par Seyyed Hossein Nasr, prolégomènes, analyses et commentaires par H. Corbin. 1970, 158 pages et 494 pages et 494 pages pour le texte persan.
- L'Archange empourpré. Quinze traités et récits mystiques, trad. du persan et de l'arabe H. Corbin, Fayard, coll. "Documents spirituels", 1976, XXIV-549 p.
Études
- (fr) Corbin, Henry, En Islam iranien : aspects spirituels et philosophiques, vol. II : Sohrawardi et les Platoniciens de Perse, Paris, 1971, éd. Gallimard, coll. "Tel".
- (en) Ha'iri Yazdi, M. (1992) The Principles of Epistemology in Islamic Philosophy : Knowledge by Presence, Albany, NY : State University of New York Press (travail original d'épistémologie par un philosophe iranien contemporain qui trace quelques comparaisons critiques entre philosophes islamiques et occidentaux. Il contient aussi un développement de la théorie Sohrawardienne de la Connaissance).
- (en) Nasr, S. H. (1983) Shihab al-Din Suhrawardi Maqtul, in M. M. Sharif (éd. ) A History of Muslim Philosophy, vol. I, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1963; repr. Karachi, sans date (avec une courte introduction, en particulier documentée sur la cosmologie).
- (en) Walbridge, J. (1992) The Science of Mystic Lights : Qutb al-Din Shirazi and the Illuminationist Tradition in Islamic Philosophy, Cambridge, MA : Harvard University Press, for the Centre for Middle Eastern Studies of Harvard University (avec une courte introduction sur la Philosophie de l'Illumination. )
- (ar) Al-Shahrazuri, Shams al-Din (c. 1288) Sharh hikmat al-ishraq (Commentaire sur la Philosophie de l'Illumination), éd. H. Ziai, Téhéran : Institut d'études et de Recherches Culturelles, 1993 (critique du manuscrit original du XIIIe siècle (texte en Arabe mais avec une courte introduction en Anglais) ).
- (ar) Biographie d'al-Shahrazurî, traduite en arabe et publiée dans Otto Spies, Three Treatises on Mysticism by Shihabuddin Sohravardi Maqtul, Stuttgart, 1935.
Voir aussi
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article de Wikipédia en anglais intitulé «Shahab al-Din Suhrawardi» (voir la liste des auteurs) (voir aussi la page de discussion).
Recherche sur Amazone (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 25/05/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.