Wahhabisme

Le wahhabisme est une doctrine islamique issue du hanbalisme et fondée vers 1745 par Mohammed ibn Abd el-Wahhâb. L'intention de ce dernier était de ramener l'islam à sa pureté d'origine.



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Wahhabisme - Courant musulman - Islam

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Définitions :

  • Mouvement musulman rigoriste fondé au XVIIIe siècle par Muhammad Abd al-Wahhâb. Il prône le rejet de l'ensemble des innovations apportées à l&... (source : le.boudarat.over-blog)

Le wahhabisme est une doctrine islamique issue du hanbalisme et fondée vers 1745 par Mohammed ibn Abd el-Wahhâb (1703 - 1792). L'intention de ce dernier était de ramener l'islam à sa pureté d'origine. Ses fidèles rejettent toute tradition extérieure au Coran ainsi qu'à la sunna et refusent le culte des saints.

Histoire

Le wahhabisme sert à désigner pour ses adeptes la revivification du salafisme dans la péninsule Arabique, mais pour ses détracteurs c'est un terme péjoratif laissant sous-entendre que ce serait une nouvelle voie (minhaj en arabe) sans rapport avec les salafs, nom par lequel on sert à désigner les premiers musulmans des trois premiers siècles après Mahomet. On doit ce néologisme (wahabiyya en arabe) à Suleyman ibn Abd al-Wahhâb, le propre frère du fondateur de cette doctrine, qui la dénonça en se fondant sur les écrits de Ibn Taymiyya dans son ouvrage intitulé "les foudres divines réfutant le wahhabisme" (Al-sawaiq al-ila-hiyya fi al-radd ala al-wahabiyya) [1].

Ce mouvement a été initié par le cheikh Mohammed Abd el-Wahhâb, né à Uyaynah en 1703. Son père était un cadi, un juge[2], et son grand-père Soulayman ibn Ali le savant de Nejd de son époque. Mohammed apprit le Coran par cœur à l'âge de dix ans et étudia le fiqh hanbalite. Sa mémoire lui valut l'admiration de son père. Le jeune homme entreprit de voyager pour acquérir une certaine culture. Il sillonna dans un premier temps la région du Nejd même, puis se rendit à La Mecque où il étudia auprès de savants. Il continua son périple vers Médine où il reçut l'instruction du cheikh Abdullah ibn-Ibrahim Al-Shammari. Le fils de ce dernier, Ibrahim Al-Shammari, lui apprit les règles de l'héritage et lui fit rencontrer le cheikh Mohammed Hayat al-Sindi, avec qui Mohammed apprit les sciences du hadith et ses rapporteurs (ilm ar-rijal). Le cheik lui décerna l'autorisation d'enseigner les livres principaux tels que le sahih al-Bukhari, sahih Muslim etc.

À cette époque, les gens de la péninsule Arabique étaient revenus à toutes sortes de pratiques idolâtres (asch-shirk) et a fortiori, ne se conformaient que peu aux rituels (al-ahkam) de l'islam. Le cheikh les incita à retourner à l'islam des origines, celui de son prophète Mahomet et ses compagnons.

À la mort de son père, il commença à prêcher le message essentiel de l'islam, le «tawhid», à la manière des «pieux prédécesseurs» (as-salaf). Il dénonçait le polythéisme (ash-shirk), les innovations (bidaa), et les choses détestables (al-munkar). Il retourna vers sa terre d'origine où il se heurta dans un premier temps à des problèmes avec les notables, puis conclut en 1744 une alliance avec le prince Mohammed ben Saoud ben Mohammed, prince de Dariya, village proche de Riyadh. Selon les termes de cette alliance concrétisée par le mariage du fils d'ibn Saoud avec la fille d'ibn Abdelwahhab, les deux hommes se promirent une aide mutuelle pour que l'un enseigne la "vraie" religion et que l'autre œuvre à la réunification des émirats.

L'idéologie d'ibn Abdelwahhab servira en s'appuyant sur la loi islamique à établir la légitimité de la domination des Al Saoud sur les tribus arabes voisines. Grâce au prêche (dawah) du cheikh, ainsi qu'à l'autorité et la puissance du prince, ils réussirent à unifier les tribus arabes, ce qui permit à Mohammed ben Saoud de devenir l'imam du premier État saoudien et de transmette cette fonction de l'imamat à ses descendants. Charles Saint-Prot présente Mohammed ibn Abdelwahhab comme le précurseur du réformisme de la salafyia qui se développera avec Jamal al-Din al-Afghani, Mohammed Abduh, Mohammed Rachid Rida et Abd al-Rahman al-Kawakibi à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. [3]

La réaction du califat musulman

Le califat ottoman de l'époque s'inquiéta rapidement de l'ampleur que prenait le mouvement et de la menace qu'il faisait peser sur son pouvoir. A la suite du pillage et de la profanation des villes saintes de Kerbala (1801), de La Mecque et de Médine (1803-1806) [4], le sultan Mahmud II ordonna au Khédive (vice-roi) d'Égypte Mohammed'Ali Pacha d'envoyer une armée en Arabie pour détruire cette dissidence.

Mohammed'Ali Pacha

Ce dernier appela son fils Ahmed Toussoune Pacha (1793-1816), âgé de 17 ans, comme général commandant la première campagne militaire, qui quitta le port de Suez le 3 septembre 1811 et s'empara du port de Yanbu' la même année, de Médine en 1812 et de la Mecque en 1813.

La seconde expédition se déroula entre 1813 et 1815. Durant cette campagne, Mohammed'Ali Pacha accomplit le pèlerinage (Hajj) et supervisa les opérations militaires conduites par son fils Toussoune. Le troisième imam Saoud ben Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud fut tué sous les murs de Ta'if en décembre 1814 et le pouvoir passa aux mains de son oncle Abdallah, car aucun de ses douze fils n'étaient de taille à le remplacer. Mais les wahhabites ne purent résister à l'offensive et furent vaincus à Koulakh le 10 janvier 1815. Le quatrième imam Abdallah ben Saoud déposa les armes et accepta un humiliant traité, mais réussit à conserver le Nedjd et sa capitale Dariya.

Une troisième expédition égyptienne fut envoyé en Arabie en 1816, commandée par Ibrahim Pacha, autre fils (adoptif ?) du Khédive. Après une campagne particulièrement complexe, l'armée égyptienne détruisit la capitale Dariya le 3 septembre 1818. Elle captura l'imam Soulaymân petit fils de Mohammed ibn'Abdelwahhâb, qui fut fusillé, et Abdallah ibn Saoud, qui fut envoyé au sultan Mahmoud II. Ce dernier le fit décapiter et exposa son corps sur la place publique à Istanbul. Mais certains membres de la famille de Saoud réussirent à fuir vers d'autres régions de l'Arabie.

L'imam Turki Ben Abdallah Ben Mohamed Ben Saoud réussit à créer en 1824 le second état wahhabite avec Riyad pour capitale. La famille rivale des Al-Rachid profita des luttes fratricides au sein du clan Al-Saoud pour mettre fin à ce second état et s'emparer du pouvoir à Riyad avec l'aide des Turcs en 1892. En 1902, Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al Saoud de l'ancienne famille régnante réfugiée au Koweït, reconquit Riyad puis tout le Nedjd entre 1902 et 1912, avant d'arracher le Hedjaz et de prendre possession de La Mecque le 14 octobre 1924, de Médine le 5 décembre de la même année, de Djeddah le 23 décembre 1925 pour finalement fonder les les royaumes du Hedjaz le 29 août 1926 et du Nedjd en mai 1927, qu'il réunit le 22 septembre 1932 pour créer le troisième Royaume d'Arabie Saoudite.

Après la disparition du Califat en 1924, la conquête du pouvoir en 1932 et l'exploitation des gisements pétrolifères d'Arabie à partir de mars 1938, la famille des Saoud et le wahhabisme prirent leur essor grâce au pacte géostratégique "pétrole contre protection", qui fut conclu sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945 entre le roi Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al Saoud et le président des USA Franklin Delano Roosevelt[5].

La doctrine wahabite

Les doctrines salafiste et wahabite sont fréquemment qualifiées d'anthropomorphistes par leurs détracteurs. Les adeptes de ces deux mouvements se défendent de cette accusation et disent suivre la doctrine de «ahl a sunna ou jamaa», en français «les gens de la tradition et du consensus».

Le cheikh ibn-Taymiya dit ainsi :
«La foi en Allah inclut de croire à l'ensemble des qualités qu'Allah s'est attribué dans son ouvrage ainsi qu'à celles que son messager Mahomet lui a attribué sans déformation, ni dépouillement, ni définition du comment, ni assimilation. [... ] Les sunnites ne nient pas les qualités qu'Il s'est attribué, ne dénaturent pas les propos, ne déforment pas le sens de Ses superbes noms, de même qu'ils ne définissent pas le comment et n'assimilent pas Ses attributs à ceux de Ses créatures»[6]

Ces préceptes sont conformes à l'une des premières professions de foi sunnites qui soit parvenue jusqu'à nous, le «fiqh al-akbar», rédigée par le théologien et imam "abou hanifa".

1. Dieu est un et n'a pas de partenaire. Aucun ne lui ressemble.
2. Les attributs de Dieu sont réels, mais ils ne sont pas identiques aux attributs humains.
3. Dieu est sans corps, sans substance, sans accidents.
4. Dieu crée ex nihilo (en partant de rien).
5. Dieu est créateur avant de créer.
6. Dieu sera vu (de visu) dans l'au-delà, mais sans terme et sans modes.
7. La main, le visage de Dieu sont des attributs réels, comme l'ouïe et la vue.
8. Le Coran est la parole de Dieu incréée et éternelle. [7]

Voici les trois principales œuvres de Mohammed ibn Abd al-Wahhab :

D'autres, moins célèbres, sont cependant notables :

Dès le milieu du XVIIIe siècle à la Mecque, ses maîtres et les muftis des quatre Ecoles de droit sunnites avalisent une réfutation contre "l'égaré qui égare" intitulée "le livre de la prévention de l'égarement et de la répression de l'ignorance"[8]. Il en est de même avec les Oulémas chiites zaïdites au Yémen et jafarites en Irak[9]. Les premières réfutations apparaissent au Maghreb après la prise des lieux saints par les wahhabites entre 1803 et 1806. La doctrine wahhabite fut par conséquent réfutée (radd en arabe) par l'ensemble des écoles chiites et sunnites, y compris le hanbalisme, avec plus ou moins de virulence selon la puissance de la dynastie Saoud protectrice, quasiment dès sa naissance et jusqu'à la création du troisième royaume "wahhabite" en 1932. Le wahhabisme est alors perçu comme une reviviscence de l'aube glorieuse de l'islam en proposant une tradition "rédécouverte" coïncidant avec une lutte anticolonialiste victorieuse et la manne pétrolière : à partir de ce moment, il n'est plus reconnu comme une secte "déviante" mais comme l'orthodoxie-même de l'islam en Arabie.

Notes et références

  1. Le Pacte de Nadjd (Où comment l'islam sectaire est devenu l'islam) par Hamadi Redissi, aux éditions du Seuil (la couleur des idées), septembre 2007, ISBN 978-2-02-096081-6, page 98. L'ouvrage de Suleyman ibn Abd al-Wahhâb fut édité pour la première fois à Bombay en 1899.
  2. L'islam d'Arabie : le wahhabisme[1]
  3. Charles Saint-Prot. Islam. l'avenir de la Tradition entre révolution et occidentalisation. Paris : Le Rocher, 2008
  4. Le Pacte de Nadjd, op. cit, pages 52-59
  5. Le Pacte de Nadjd, op. cit, pages 205-216
  6. Extrait du livre : Al'aquida al wasityya, La profession de foi d'Ibn-Taymiya.
  7. Extrait du livre : Al fiqh al Akbar de l'imam abou hanifa
  8. Le Pacte de Nadjd, op. cit, page 101
  9. Le Pacte de Nadjd, op. cit, pages 105-109

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

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